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Banking Finance Society and Economy
The Euro Zone

Zone euro : apocalypse now ?

COMMENTARY

Peter Burgess

No future ... Zone euro : apocalypse now ?

L'hypothèse d'un éclatement de la zone euro gagne du terrain sur les marchés financiers. Les pays membres qui possèdent encore un triple A pourraient voir leur note dégradée. Si la BCE n'intervient pas, la déflation est proche...

IMAGE Le scénario d’éclatement risque d’être précipité et désordonné, compte tenu des échecs consécutifs des sommets de l’UE qui n’arrivent pas à freiner la spirale de dégradation du contexte économique de la zone euro. Crédit Reuters

Les spéculations foisonnent sur l’éclatement de la zone euro et la réintroduction des monnaies nationales. Les discussions autour de la création d’un sous-groupe de la zone euro, incluant l’Allemagne et la France, renforcent les craintes d’éclatement. La proposition germano-française n’est pas nouvelle. Elle est connue sous l’appellation de la zone de « l’euro + », en opposition de « l’euro - » qui regrouperait les pays périphériques. Un tel plan risque fort de mener certains membres de la zone vers la sortie de l’euro.

La convergence de l’euro a pris plusieurs années à se mettre en œuvre pour créer une monnaie d’une façon ordonnée. Le scénario d’éclatement risque d’être précipité et désordonné, compte tenu des échecs consécutifs des sommets de l’UE qui n’arrivent pas à freiner la spirale de dégradation du contexte économique de la zone euro. L'agence Moody’s s’apprêterait d'ailleurs à abaisser la notation de tous les membres de la zone, dans un climat déjà fortement perturbé par les mauvaises nouvelles sur le front du marché obligataire (hausse des taux d’intérêts en France, inversion de la courbe italienne, échec d’une adjudication en Allemagne, etc.).

Moody’s justifierait cet abaissement par la faible solvabilité de certains États, et par l’enchevêtrement des économies des États membres qui entraîne la contagion des institutions financières de la zone euro. Une telle action pourrait signer l’arrêt de mort de la zone euro, voir même de l'Union européenne.

Dans le cas où l’abaissement de la notation des États encore AAA de la zone intervenait, nous risquerions fort :

  • De connaitre une accélération de l’envolée des taux d’intérêts [1] de tous les États membres (taux d’intérêts dont la tendance est très négative) ;
  • D’enterrer tous les mécanismes de « solidarité » imaginés à ce jour (comme le FESF) [2]. Cette perspective nécessiterait de nouveaux plans de rigueur et des réductions drastiques dans les dépenses publiques, ainsi qu'un relèvement des taux d’imposition. La situation française est d’autant plus préoccupante, puisque dans le cas où l’accès au marché obligataire était fermé à la France, le pays ne pourrait pas faire face à ses dépenses courantes [3].
La solvabilité des institutions financières pourrait être mise à mal par la sortie de certains États, puisqu'il est fort à parier que ceux-ci dévalueront [4] automatiquement leur « nouvelle monnaie », afin de combattre la spirale déflationniste dans laquelle ils se trouvent. Les États ne pourront pas venir en aide à leur système financier (à l’inverse de ce qui a été réalisé en 2008). Ils pousseront le système à devenir « zombie » (à l’image de certaines institutions financières japonaises), ou à faire défaut d’une façon plus ou moins organisée. L’épargne des ménages risquerait de subir une réduction, au même titre que les dettes vis-à-vis des institutions externes. La crainte des épargnants pourrait elle-même accélérer la dégradation des institutions financières, puisqu’il suffirait d’un mouvement de panique pour que se mette en œuvre un « Run on the Bank » [5]. Le chômage risquerait de s’accroître fortement, compte tenu de la baisse de la consommation consécutive à l’appauvrissement que connait actuellement la grande majorité des ménages européens (à travers la baisse des marchés financiers). Le scénario de déflation pourrait pousser certaines des industries de la zone euro à se délocaliser plus fortement dans d’autres pays, pour bénéficier de conditions d’imposition plus favorables, et de bénéficier d’une meilleure dynamique de croissance (BRICS, Brésil, Russie, Inde et Chine).

La pauvreté a de forte chance de continuer sa dynamique négative actuelle. Les vols « par nécessité » sont sur la pente ascendante. De plus en plus de personnes s’adressent à des associations (Banque alimentaire, Resto du cœur…) pour assurer leur alimentation. Ces populations « défavorisées » incluent dorénavant aussi bien des étudiants que des retraités ou des actifs pauvres.

Pour faire face au risque insurrectionnel que crée ce scénario, certains pays pourraient être tentés par une réintroduction momentanée des barrières douanières vis-à-vis des autres partenaires européens, et par conséquent de la mise en œuvre d'un protectionnisme pour relocaliser les industries et l’activité économique.

Ce scénario est d’autant plus inquiétant que sur le front des autres économies importantes, les nouvelles ne sont pas bonnes. La performance de S&P500 (indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines) est aussi mauvaise que celle de thanksgiving en 1932 ! Il est vrai que la déflation des actifs ne s’est pas traduite dans les chiffres du Black Friday (équivalent des achats de fin d‘année). Mais cette déconnexion peut s’expliquer par :

  • L’écart de la perception de la crise (les populations les plus défavorisées sont plus touchées) ;
  • L’attrait des promotions et soldes du Black Friday pour accélérer des consommations [6]. La situation économique américaine est aussi très dégradée, et ne pourra pas assurer la dynamique de croissance.
La Chine commence à ressentir les contre-coups de la crise économique, et commence à faire face à des agitations sociales liées à une inflation trop importante (qui risque de créer les conditions d’une stagflation). Les institutions financières chinoises font face à un risque de dégradation de leur solvabilité liée à l’éclatement de la bulle immobilière. Et aucun système financier n’est suffisamment solide pour faire face à ce type de scénario.

Alors que la perspective de l’éclatement de la zone euro s’approche, que l’abaissement de la notation des pays (encore) notés AAA est à l’horizon de quelques semaines ou mois dans un contexte général fortement dégradé, il semble urgent que la BCE (Banque centrale européenne) réagisse pour éviter le scénario de la déflation. Dans ses mémoires, Alan Greenspan évoquait le spectre de la crise de 1929 pour anticiper le pire, et pour agir d’une manière préemptive. La BCE devrait s’en inspirer.

[1] Pour ne citer que quelques exemples, le taux d’intérêts Français à 10 ans ne cesse d’augmenter, augmentant les perspectives de déficits pour 2012 (d’ores et déjà dégradées par une prévision de croissance plus faible que celle sur laquelle a été construit le budget et le plan de rigueur actuel).

[2] Les conditions actuelles de financement du FESF sont d’ores et déjà très dégradées. L’efficacité du FESF pour réduire la dégradation des conditions de financement des Etats membres de la Zone Euro se réduit fortement. En effet, la hausse importante du spread de financement du FESF se traduit par un moindre effet de levier et conséquemment par une tension sur les moyens financiers à disposition du fonds pour contregarantir les émissions nouvelles des Etats de l’Euro-.

[3] La France dispose d’un déficit primaire ; ces dépenses (hors charges d’intérêts) ne sont pas couvertes par des prélèvements fiscaux.

[4] La dévaluation fonctionne d’une façon similaire à la répudiation de la dette (ou la restructuration), elle offre aux Etats la possibilité de faire face à des échéances financières à court termes tout en conduisant des coupes budgétaires importantes.

[5] Mécanisme de retrait massif des liquidités auprès des institutions financières qui se traduit par une dégradation importante des ratios de liquidités et par l’accélération de la faillite des institutions financières.

[6] La proportion des « cadeaux » dans les ventes du Black Friday est passée de 67%, l’année dernière, à 56% cette année. Cette statistique indique que 44% des ventes sont motivées par les promotions et non par une démarche de surconsommation (liée à la réalisation de cadeaux de fin d’année). Les chiffres de ventes dans le prochain trimestre devraient indiquer dans quelle mesure les ventes du Black Friday constituent un effet calendrier (achats anticipés) ou un effet accroissement de volume.


No future Posted December 2, 2011 Eurozone: Apocalypse Now? The hypothesis of a breakup of the euro area is gaining ground in the financial markets. Member countries that still have a triple A rating could see their degraded. If the ECB does not intervene, deflation is at hand ... RSS Share 53 inShare 2 The scenario of collapse may be precipitated and messy, given the consecutive failures of EU summits that are unable to stop the spiral of worsening economic climate in the euro area. Crédit Reuters Speculations abound on the breakup of the euro area and the reintroduction of national currencies. Discussions around the creation of a subgroup of the euro zone, including Germany and France, reinforcing fears of bursting. The Germano-French proposal is not new. It is known as the area of '+ euro', as opposed to 'the euro -' that would include the peripheral countries. Such a plan is likely to lead some members of the zone to the exit of euro. The convergence of the euro has taken several years to implement to create a currency in an orderly fashion. The scenario of collapse may be precipitated and messy, given the consecutive failures of EU summits that are unable to stop the spiral of worsening economic climate in the euro area. Moody's is preparing to lower the rating of all members of the area, in an environment already heavily affected by the bad news on the front of the bond market (rising interest rates in France, reverse Italian curve, a failed auction in Germany, etc.).. Moody's justifies this reduction by the low solvency of some states and the entanglement of the economies of Member States resulting in the contagion of financial institutions in the euro area. Such action could sign the death warrant of the euro zone, or even the European Union. In the event that the lowering of the rating of the States still AAA in the area intervened, we might clear: To know acceleration of soaring interest rates [1] of all Member States (interest rates that the trend is very negative); To bury all the mechanisms of 'solidarity' imagined to date (as EFSF) [2] . This perspective would require new austerity and drastic cuts in public spending and a higher tax rate . The French situation is particularly worrying, since in the case where access to the bond market was closed to France, the country could not meet its current expenditure [3] . The solvency of financial institutions may be undermined by the release of some states, since it is likely that they devalue [4] automatically their 'new money' to fight the deflationary spiral in which they are . States can not help their financial system (in contrast to what was done in 2008). They will push the system to become 'zombie' (like some Japanese financial institutions), or to fail in a more or less organized. Household savings could undergo reduction, as well as debts vis-à-vis external institutions. The fear of investors may itself accelerate the degradation of financial institutions, as would a panic that will implement a 'Run on the Bank' [5] . Unemployment could increase significantly , given the decline in consumption following the loss that is currently experiencing the vast majority of European households (through lower financial markets). The deflation scenario might push some of the industries the euro area to relocate more strongly in other countries , to benefit from favorable tax conditions, and enjoy better growth dynamics ( BRICS , Brazil, Russia, India and China). Poverty is likely to continue its current negative dynamic. Flights 'necessity' are on the rise. More and more people turn to associations (Food Bank, Restaurant of the heart ...) to ensure their diet. These people 'disadvantaged' now include both students and pensioners or working poor. To address the risk insurgency that created this scenario, some countries might be tempted by a reintroduction temporary trade barriers vis-à-vis other European partners, and therefore the implementation of protectionism to relocate industries and economic activity. This scenario is particularly worrisome that the front of the other major economies, the news is not good. The performance of S & P 500 (stock index based on 500 large companies listed on U.S. exchanges) is as bad as Thanksgiving in 1932! It is true that deflation of assets was not reflected in the figures for Black Friday (the equivalent of buying season). But this disconnect may be explained by: The difference in the perception of the crisis (the most disadvantaged populations are more affected); The attractiveness of promotions and sales of Black Friday to speed up consumption [6] . The U.S. economic situation is very poor and can not ensure the growth momentum. China is beginning to feel the surges against the economic crisis, and begins to deal with social unrest related to excessive inflation (which would create the conditions for stagflation ). The Chinese financial institutions face a risk of deterioration in their creditworthiness due to the bursting of the housing bubble. And no financial system is strong enough to deal with this scenario. While the prospect of the collapse of the euro approaches, that lowering the rating of countries (still) AAA is on the horizon a few weeks or months in a general context highly degraded, it seems urgent the ECB (European Central Bank) react to avoid the scenario of deflation . In his memoirs, Alan Greenspan spoke of the specter of the 1929 crisis to anticipate the worst, and to act pre-emptively. The ECB should be inspired. [1] To cite a few examples, the French interest rates at 10 years is increasing, increasing the prospects of deficits for 2012 (already degraded by a forecast of lower growth than the one was built on budget and the current austerity plan). [2] The current conditions of financing EFSF are already severely degraded. The effectiveness of the EFSF to reduce the deterioration in financing conditions of the Member States of the euro zone is greatly reduced. Indeed, the significant increase in the spread of EFSF funding results in a lower leverage and consequently a strain on financial resources available to fund new counter-emissions states of the Euro. [3] France has a deficit in primary spending (excluding interest) are not covered by taxes. [4] The devaluation works in a similar way to the repudiation of the debt (or restructuring), it offers states the opportunity to deal with short-term financial deadlines while driving significant budget cuts. [5] mechanism massive withdrawal of liquidity from financial institutions resulting in a significant deterioration of liquidity ratios and accelerating the bankruptcy of financial institutions. [6] The proportion of 'gifts' in the Black Friday sales rose 67% last year to 56% this year. This statistic indicates that 44% of sales are driven by promotions and not by a process of consumption (related to the achievement of year-end gifts). Sales figures in the next quarter should indicate the extent of Black Friday sales are a calendar effect (advance purchase) or an effect of increasing volume. rating agency | Germany | ECB | unemployment | Relocation | bursting of the Eurozone | EFSF | France | Moody's | Poverty | euro Politics | Economics | Finance | International | Europe

Publié le 2 décembre 2011
The text being discussed is available at http://www.atlantico.fr/decryptage/zone-euro-eclatement-bce-deflation-agence-notation-triple-industrie-chomage-driss-lamrani-235494.html
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